M’interrogeant sur le temps, l’être, le devenir, l’infini et les relations interpersonnelles, je tends, dans mes œuvres, à révéler une présence mystique directement liée à la présence humaine.

Je choisis la matière pour l’énergie qu’elle dégage et le message qu’elle aura à livrer.  Il m’est essentiel que l’on reconnaisse l’origine et l’identité naturelle du matériau.  La couleur, la forme, la dimension, la texture viennent m’inspirer et me guider dans mon processus créatif.  En sculpture, la taille directe est devenue mon principal moyen d’expression.  La pratique de cette technique m’oblige à m’interroger sur chaque geste posé; j’essaie d’y répondre en gardant en tête que c’est la pièce qui me dictera la prochaine étape, même si préalablement une recherche exhaustive a été faite.  La même réflexion se fait quant au choix de l’outil de travail et à son utilisation; les traces qu’il laisse sur la pièce deviennent signes et écriture.  Le rythme produit par les textures imposées par l'outil et les qualités naturelles de la pièce deviennent significatives et porteuses de messages.  Les mêmes priorités se transmettent littéralement à ma peinture lorsque je choisis le support, les outils et les médiums pour peindre.

Ces œuvres, réalisées pendant mes trois dernières années à l’Université de Moncton, ont été sélectionnées pour créer une unicité dans le choix des matériaux et des thèmes.  Ce parcours en sculpture fut parallèle à celui de la peinture et je peux y déceler des similarités dans l’approche, dans la démarche et dans le geste. La texture crée par la trace 

« Lorsque je suis entré dans la galerie la lumière irradiait dans la pièce. Le soleil pénétrait en arrière-plan et réfléchissait sur les murs blancs, en donnant au tableau un air de tristesse. D’immenses troncs d’arbres sculptés à la scie mécanique y étaient exposés et envahissaient littéralement l’espace. C’était comme se retrouver entouré d’arbres desséchés au milieu de la toundra. Les mots m’ont manqué pour décrire les sentiments qui m’ont alors habité. J’étais touché, ému par la sensibilité de ces mastodontes nus. Ils étaient beaux et nobles, mais l’empreinte de l’Homme sur leurs carcasses nous conviait à nous en approcher en douceur et à les caresser. Ils invitaient au respect. »

Extrait de: « La lumière pour toile de fond » Dominic Langlois, revue Liaison, numéro 147